Au cœur de la ville de Tsevié, se situe le stade municipal dont on peut lire au fronton « Stade Dr KAOLO de Tsévié ». L’on comprend aisément que cette inscription sur l’élévation murale qui surmonte l’entrée du stade municipal de Tsévié rend hommage à un homme.
Mais quel est cet homme ? Qui est-il ?
De son vrai nom APETI Kossivi Edmond, l’homme est né en 1947 à Dépko, à Tsévié, une localité située à une trentaine de kilomètres au nord de la ville de Lomé, la capitale du Togo. Il est le 9ème fils de Eklu APETI et de Afansi BOKO.
Dès son jeune âge, APETI Kossi Edmond s’est révélé comme une étoile montante du football. Avant l’âge de 15 ans, il s’est inscrit dans le centre « Roc Invincible » où il s’est fait former avant d’intégrer « l’Etoile Filante », l’un des meilleurs clubs de première division du Togo à l’époque. Il a fait sensation et donné des frissons à tout le monde. Fort de ce talent, il entra très tôt en sélection nationale. Il a fait partie de la délégation togolaise qui a pris part aux premiers jeux africains de Brazzaville en 1965, mais n’a discuté aucune rencontre.
En 1969, le jeune APETI Kossivi Edmond et son club « l’Etoile Filante » se hissent en finale de la 8ème édition de la coupe d’Afrique des clubs champions, aujourd’hui connu sous le nom Ligue Africaine des Champions. Ils perdent la rencontre face au tout puissant ENGLEBERT de Lubumbashi, aujourd’hui connu sous le nom du Tout puissant Mazembé. Menés au match allé par cinq (05) buts à zéro, les éperviers sauvent l’honneur au match retour en battant leur adversaire par un score de quatre (04) buts à un (01). Le jeune APETI, de ses 22 ans, a réalisé le quadruplet. Les journalistes l’ont décrit comme un attaquant redoutable, par ses accélérations et ses tirs soudains. Le public sportif considère ses dribles comme un docteur performant une opération chirurgicale sur ses adversaires, et d’une finesse extraordinaire tel le stylo de marque Kaolo, le meilleur de la place à l’époque. D’où son nom de joueur Docteur KAOLO.
En 1970, les éperviers se qualifient pour prendre part à leur première Coupe d’Afrique des Nations (la 8ème édition) en battant les redoutables Black Stars du Ghana. Les exploits extraordinaires du jeune prodige ont fait dire certains observateurs avertis de l’époque, que « Docteur Kaolo est une main tendue de Dieu sur la sélection togolaise ».
Février 1972 : le Togo prend part à sa première CAN au Cameroun et se retrouve dans la même poule que le pays organisateur, le Kenya et le Mali, pays favori du tournoi. Docteur Kaolo et siens tiennent en échec l’équipe malienne par un match nul, déjouant ainsi tous les pronostics. Mais pour avoir concédé un autre match nul contre le Kenya et perdu face aux Lions indomptables du Cameroun, le Togo n’a pu passer le premier tour de la compétition.
Le dimanche 02 juillet 1972 au matin, Docteur Kaolo prend part à un match d’exhibition sur le terrain du bas-fond du Collège Saint Joseph de Lomé, sous les couleurs de la CEET qui l’employait depuis peu. Ses prouesses ont encore été applaudies par le public. C’était la dernière fois qu’il toucha un ballon de football, car le soir même de ce dimanche, Docteur Kaolo a été victime d’un accident de circulation : il est tombé de sa mobylette en voulant éviter un piéton qui s’était engagé sur la chaussée du boulevard circulaire. Atteint d’un traumatisme crânien, il rendit l’âme avant même d’atteindre l’hôpital. APETI Kossivi Edmond Alias Docteur Kaolo s’en est allé à l’âge de 25 ans.
C’est donc en hommage à ce grand homme considéré par des observateurs comme le meilleur joueur du football togolais de tous les temps, que le stade de sa ville natale, Tsévié, porte son nom de joueur, Docteur Kaolo.
Hommage à ce grand homme qui a brillé d’un éclat vif, mais qui s’en est trop vite allé.
Que la terre lui soit légère !